Qui est Wendy?
Je m’appelle Wendy, j’ai 23 ans, je suis née et ai vécu jusqu’à mes 9 ans à Madagascar.
A 2 ans et demi, mon père a quitté ce monde brusquement nous laissant ma mère et moi affronter la vie à deux. Notre combat a commencé quelques jours après le décès de mon père lorsque je me suis faite kidnappée. Nous avons dû fuir pour finalement nous retrouver en 2007 à Genève. Ma mère a décidé de reprendre ses études avec pour projet d’ouvrir une école à Madagascar, mais avec les crises politiques au pays, la maladie de ma grand-mère, et le fait de m’élever seule, trop d’obstacles se mettaient sur notre chemin. Il fallait que l’on se débrouille à deux. Malgré les difficultés du quotidien et celles concernant le renouvellement de nos permis de séjour (6 ans de procédure), nous ne nous sommes jamais relâchées. Et avec de la détermination et de la confiance, j’ai obtenu ma maturité gymnasiale avec mention puis un Bachelor en droit à l’université de Genève.
La tempête se calme, les bonnes nouvelles s’enchaînent et nous pouvons enfin souffler. Je commence en 2020 un Master en droit international et européen. J’ai toujours voulu aider les autres et, ayant une mère prête à tout pour moi à mes côtés, j’ai cultivé cet esprit de don de soi et ai voulu la protéger autant qu’elle me protège. Je m’épanouis petit à petit, prend confiance en la vie et j’apprends que je ne dois pas toujours m’inquiéter et avoir peur que du jour au lendemain, tout bascule… je lâche prise et vis enfin le moment présent.
Cependant, ce début de 2021 a été une lourde épreuve pour appliquer tout cela. Chaque mois, pendant 6 mois, je perdais un être cher ; un cousin, un oncle, un demi-frère, mon grand-père, un autre oncle. Et il fallait que je vive ces moments de maladie et ces deuils tout en passant mon permis de conduire ainsi que mon Certificat de droit transnational et ma 1ère année de Master. C’est à la fin de ces mois, lorsque je prends courage pour me sortir du fond du gouffre que je rencontre deux anges, Cécile et Virginie.
Concernant ton projet, quel est ton rêve ?
J’ai toujours vécu dans un milieu d’entraide. Depuis petite, je suivais mes grands-parents et ma mère dans leurs projets à Madagascar consistant à venir en aide à celles et ceux qui vivent dans la précarité. En grandissant, je me suis lancée dans des voyages solidaires afin d’aider et mettre de la lumière sur les victimes du réchauffement climatique, notamment de la montée des eaux. Je me suis lancée dans des études de droit international public afin de comprendre le système et ces particularités. C’était évident, mon rêve est de pouvoir être une voix pour celles et ceux qui n’en ont pas. J’aimerais travailler dans une organisation internationale ou non gouvernementale et me concentrer sur des sujets comme l’environnement, la santé globale et les droits humains.
Au début de mon master, j’ai décidé de partir en Erasmus, le temps d’un semestre, aux Pays-Bas (à Groningen). J’ai toujours vécu avec ma mère, fait toutes mes études au même endroit alors c’était l’occasion d’étudier dans un milieu de renom dans mon domaine tout en vivant cette première expérience de vie d’adulte seule à l’étranger. C’est le challenge que je me suis lancée il y a 1 an. J’ai eu des petits boulots qui m’ont permis d’économiser pour ma vie sur place. Mais les événements racontés précédemment ont compliqué notre situation financière cette année et je me retrouve dans l’incertitude de pouvoir financer mon loyer. Cette complication est un nouvel obstacle mais je suis convaincue que ce n’est que pour me rendre encore plus forte et me permettre de m’épanouir.
Quelle a été ta réaction quand l'association t'a annoncé son soutien ?
Lors de ma première rencontre avec Cécile et Virginie, je me suis juste confiée à elles comme à deux grandes sœurs qui pouvaient comprendre mon vécu et mon état d’esprit. J’ai été très touchée et surprise lorsqu’elles m’ont annoncé que l’association souhaite m’accompagner dans mon projet. Au départ, je répétais que celle qui devrait recevoir énormément maintenant, c’est ma mère. Je donne aux autres mais j’oublie souvent que je mérite aussi de recevoir. Alors le soutien me rassure doublement, je sais que je peux partir l’esprit léger et que ma mère n’a pas non plus de soucis à se faire. Cette fois ce n’est pas que nous deux, nous avons des alliées. Au-delà du soutien financier, j’ai trouvé en elles une échelle me permettant de me relever, de reprendre confiance en moi et une bonne dose de bonté et de bienveillance qui me motive.
Qu'aimerais-tu transmettre ?
En 23 ans je ne pense pas avoir les clés du fonctionnement de la vie mais j’aimerais transmettre ce que j’ai déjà appris, surtout si cela peut être une source d’inspiration pour toi qui me lis.
Je crois fermement que l’état d’esprit est fondamental dans notre manière d’appréhender la vie. Je crois que les évènements de la vie sont « neutres », c’est la réponse qu’on y donne qui importe. Que l’on ressente de la douleur, de la fatigue, de la tristesse, de la joie, du bonheur ou même rien du tout, je pense qu’il faut déjà écouter nos sentiments, les laisser être. Par contre, c’est à toi de décider si tu veux être défaitiste face à ce que tu vis ou si tu veux regarder la lumière, aussi minime soit-elle, et foncer. Tu n’as pas à subir les évènements de ta vie, tu peux en faire quelque chose de beau et de bon pour toi et pour les autres. Tu crées ta vie à travers ton état d’esprit.
Je ne pense pas que la vie est là pour nous mettre à terre. Bien au contraire, j’ai appris qu’on peut avoir confiance, que tout s’arrange. Je t’encourage à continuer à cultiver la bienveillance, apprendre à donner et apprendre la gratitude. Et même si tu as peur, ce n’est pas grave, l’essentiel c’est que tu avances, un pas après l’autre, malgré cette peur.
Je sais, c’est facile à dire sur papier, mais tu n’as pas appris à marcher en un claquement de doigts non plus quand tu étais bébé. Alors, la détermination, le courage, la confiance, je crois que tout le monde a tout ça à l’intérieur et qu’il suffit de laisser cet aspect de toi s’éclairer
